Ataraxia
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Nous croyons conduire le destin, mais c'est toujours lui qui nous mène.
 
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 Callirhoé * || FINIE.

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{Callirhoé Kiel}

Callirhoé Kiel

Messages : 5
Date d'inscription : 14/03/2010

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Callirhoé * || FINIE. _
MessageSujet: Callirhoé * || FINIE.   Callirhoé * || FINIE. EmptyDim 14 Mar - 13:19

    ▌Fiche de Présentation ;
    Nom: Kiel
    Prénom: Callirhoé, dite Calli.
    Sexe: Féminin
    Âge: 20 ans
    Date de naissance: 11 juillet
    Lieu de naissance: Ataraxia
    Date d’arrivée sur Ataraxia: -

    Clan : Non merci
    Capacité & limite:
    Groupe : Rebelles

    ▌Caractéristiques;
    Description physique:
    La première chose qui marque les gens chez moi, c'est la chevelure. Certes, je reconnais qu'elle est assez dense et que j'ai l'air d'une lionne au réveil, mais tout de même. A croire qu'ils n'ont jamais vu des cheveux ! Les miens sont particulièrement noirs, et particulièrement épais ( et particulièrement chiants, je ne vous le fait pas dire. Voilà un bout de temps que j'ai renoncé à les dompter ). Enfin, malgré tout, je ne me résume pas à une masse capillaire. J'ai la peau mate, hâlée de soleil , à la façon des peuples nomades d'autrefois. C'est peu dire, face à tous ces Ataraxiens blancs comme des morts à force de rester cloîtrés chez eux. Mon visage, quant à lui, n'a rien de saisissant, si ce n'est un certain aspect sauvage, du à la la fameuse chevelure. J'ai les traits fins, relativement passe-partout, les yeux on ne peut plus noirs. L'ensemble est assez homogène, et j'ai le visage peu expressif. Pour ce qui est de la carrure, inutile de mentir, j'ai l'air tout ce qu'il y a de plus fragile. On me qualifie de "petite". Je me permets de démentir sur ce point : je suis juste légèrement réduite ( verticalement parlant ), pas de quoi me qualifier de petite. Par ailleurs, je ne suis pas bien épaisse, ce genre de personnes dont on a peur qu'elles s'envolent au premier coup de vent. Je précise qu'il ne faut pas se fier aux apparences : je suis tout de même relativement robuste. Niveau vestimentaire, je ne cherche pas à me démarquer, je fais plutôt dans le simple et confortable. Rien de serré, pour pouvoir bouger à mon aise, ni rien de trop voyant, ce sont mes seules règles, je mets ce qui me tombe sous la main.


    Particularité physique: Eh bien, mes cheveux. Et une lune tatouée dans la nuque.

    Description morale : La description va être ardue, puisqu'il semblerait que la première chose qui me caractérise, c'est en quelques sortes que je suis très imprévisible. Qu'y puis-je. Sans aller jusqu'à dire que je suis lunatique, il est vrai que j'ai une certaine capacité à me trouver là où on ne m'attend pas, à prendre des décisions qui peuvent sembler insensées... J'ai l'esprit du défi, c'est à dire que je ne recule devant rien, et je sais mettre en œuvre tous les moyens à ma disposition pour parvenir à mes fins. C'est de là, je suppose, que je tire cette réputation d'"imprévisible". Il y a, par la suite, peu de choses à dire à mon sujet. Je mets du temps à accorder ma confiance, je suis assez méfiante par nature, néanmoins lorsque c'est chose faite, cette confiance est un solide lien que j'entretiens avec la personne en question. J'ai tendance à jouer les femmes fortes, mais que voulez-vous, simple mesure de sécurité. On ne se fait pas respecter lorsqu'on est une petite chose ratatinée sur elle-même. En vérité, malgré les airs que je me donne, je suis assez sensible. Je prête beaucoup attention à tous les petits détails du quotidien, et il est très facile de me heurter, bien que je n'en laisse rien paraître. Jusqu'à présent, ma capacité à me redresser a toujours surpassé la forte émotivité qui est la mienne, et je compte bien continuer ainsi. J'ai des avis assez tranchés, néanmoins je suis ouverte à toute interprétation différente de la mienne. De la même façon, il n'est pas de personne qui me rebute. Je connais trop bien ces regards dégoûtés de quelques ataraxiens à la vue de ceux qu'ils ont désigné comme les rebuts de leur société. En ce qui me concerne, je peux nouer des liens avec n'importe qui, pourvu que la personne me paraisse digne de confiance et que sa compagnie me plaise.

    Qualités : On peut parler de courage, j'imagine. D'ouverture, également, et de loyauté. Je sais également être à l'écoute des autres.
    Défauts : Manque de réflexion parfois sur certaines prises de décision. J'ai tendance à foncer tête baissée dans la gueule du loup. J'ai également une bonne dose d'orgueil, et suis assez colérique. En somme, je suis assez instable.

    ▌Relations & autres ;

    Rêves, ambitions: Idéalement ? Renverser ce système de clans, et repartir sur de nouvelles bases, toutes castes confondues. Oui, il paraît que je suis utopiste. Mais il faut bien quelqu'un pour avoir des rêves démesurés, après tout.
    S'il s'avère impossible de démantibuler les clans, qu'à cela ne tienne. J'ai également pour ambition de rallier tous les rebelles avec moi, et d'aller Dehors, à l'extérieur d'Ataraxia, pour bâtir de nouvelles villes, qui fonctionneront ensemble, en une seule entité, plutôt que de les diviser en clans.

    Relations: Aucune famille ( à ce que je sache du moins ). J'ai gardé de bons contacts avec quelques voleurs des rues que je côtoyais autrefois. Je connais également chaque rebelle, relativement bien.

    Que pense votre personnage au sujet de ;
    La famille royale : Ces aristocrates ! Je n'ai aucun jugement à porter sur les individus qui composent la famille royale, néanmoins, je dois dire que le titre m'inspire un certain mépris. Ces gens là ne savent rien des conditions dans lesquelles les ataraxiens vivent aujourd'hui, ils sont déconnectés de la réalité. Les a-t-on déjà vu une seule fois arpenter la ville de long en large, ou s'inquiéter du sort de ceux qu'on appelle "leurs sujets" ? Ils sont totalement déphasés. Je n'ai aucune envie d'avoir un jour à faire face à l'un d'eux, car j'imagine que leur ego est aussi disproportionné que leur petit cocon familial.

    Les différents clans : Je ne suis pas chef des rebelles pour rien. Pour moi, les clans, c'est un non sens, une division de la société selon des penchants plus qu'absurdes. Ces clans ne peuvent que créer des différends, sans parler des techniques et des savoirs qui sont propres à l'un ou à l'autre ! Je suis pour l'éradication des clans.

    ▌Passé, présent, une histoire;

    Journée d'automne. Ataraxia est en ébullition. La rue prolifère de vie, de couleurs, d'injonctions, c'est un joyeux dédale. Du haut de mes cinq ans, j'ai la ferme intention de comprendre le monde qui m'entoure. J'observe. Je dépouille du regard. Je pose mes mille questions légitimes par jour. Le monde me paraît grand, colossal, démesuré, et en un sens, tellement attrayant.
    Maman serre ma petite main dans la sienne, comme si elle avait peur que je me perde dans ce florilège d'ataraxiens et de ruelles.

    « Fais attention Calli, il faut que tu restes bien avec moi. Nous ne sommes pas dans notre quartier, il y a beaucoup de monde ici et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. »

    J'acquiesce sans rien dire à l'injonction de ma mère. C'est la première fois qu'elle m'emmène avec elle au marché, je me dois donc d'avoir un comportement exemplaire. Je ne me suis jamais aventurée aussi loin que mon quartier, et plus j'en découvre, plus la ville m'apparaît comme un vaste terrain de jeux, recelant des centaines, que dis-je, des milliers d'endroits à découvrir.
    C'est à l'occasion de cette sortie, je m'en rappelle, que la fascination du dehors, de franchir les limites, m'a pris, pour ne plus jamais me quitter.
    Ma mère ne me laisse pas le loisir de m'attarder dans tout ce bouillonnement de vie, et m'entraîne un peu plus loin, sur la grande place, là où se tient le marché. Une fois encore, je n'ai que mes yeux pour dévorer ce qui m'entoure. Les étalages regorgent de choses et de couleurs. Olives, épices, viandes, poissons, fruits tous plus inconnus les uns que les autres... Un véritable régal oculaire. Je comprends bien vite que ce n'est pas là que ma mère m'emmène. Jamais nous ne pourrions si bien manger à la maison.
    Elle m'attire vers un étalage un peu à l'écart. A peine arrivée devant le comptoir, une odeur âpre me prend à la gorge, et soulève une puissante nausée dans mon estomac. Là, sous mes yeux, s'étend un étalage de viandes en tout genre, qui exhalent une odeur de chair, lourde et visqueuse.

    « Bonjour Naum. » fait ma mère en souriant au boucher, qu'elle semble connaître. « Deux kilos de viande de Maufi, comme chaque semaine, s'il te plaît. »

    Je grimace. Moi qui pensais que maman m'amenait au marché pour acheter quelque chose d'exotique ! Le mauvais pain et la viande de Maufi constituent les bases de notre alimentation. Je n'ai aucune idée de ce que peut bien être l'animal prénommé Maufi, ni à quoi il ressemble. Tout ce que je sais, c'est que sa viande est caoutchouteuse, qu'elle a un arrière goût amer très désagréable et qu'elle colle aux dents. Il s'agit bien sûr de la moins chère de tout le marché.
    Le boucher acquiesce d'un signe de tête, coupe trois énormes tranches sur le cuisseau qui pend à côté de lui, les enveloppe dans un papier à la couleur douteuse et tend le tout à maman.

    « Ça te fera 12 ax. »

    Ma mère écarquille les yeux et recompte les quelques pièces de monnaie qu'elle tient serrées au creux de sa paume depuis le début du trajet. Une lueur d'incompréhension traverse son regard.

    « 12 ax ?! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? La semaine dernière encore, c'était à 8 ! »

    Le boucher semble terriblement gêné.

    « Je sais bien, je sais bien, mais... C'est une directive du gouvernement. Tout a augmenté cette semaine. Je suis désolé. »

    « Et nous, alors ? » rugit ma mère, qui semble davantage inquiète qu'en colère. « Qui a pensé à nous ? Comment allons nous vivre ? »

    Je contemple la scène avec de grands yeux. Autant dire que je ne comprends rien à ce qui se passe. Le boucher contemple ma mère d'un air désolé, puis, finalement, jette un coup d'œil autour de lui pour vérifier que personne ne l'observe, et coupe une troisième petite tranche, qu'il rajoute dans le sac.

    « C'est tout ce que je peux faire pour toi, Coriolis. Nous sommes tous dans la même galère. »

    Ma mère se calme, le regarde tristement, acquiesce en signe de remerciement et lui adresse un petit sourire. Je te revaudrai ça, semble-t-elle vouloir lui dire. Elle sort de sa poche quelques autres piécettes, qu'elle rajoute à la somme prévue à l'origine, et dépose le tout sur le comptoir, avant de s'emparer du sac. Le boucher lui adresse encore un regard, rempli de compréhension, avant de retourner à ses occupations de boucher.
    Maman me prend de nouveau par la main, et nous repartons en sens inverse. Elle ne prononce pas un seul mot. Pas un seul, durant toute la durée du trajet.
    J'ai 5 ans, et je viens de comprendre une des réalités qui sera comme une seconde peau pour moi, pendant toute ma vie. Ici, c'est la misère. Nous sommes pauvres. Je ne goûterai jamais à tous ces fruits ronds et juteux des étalages.

    _____________________


    « Calli, Calli ! Regarde ce que j'ai trouvé ! »


    Je suis si surprise par l'injonction que je sursaute, et tombe du même coup de la palissade sur laquelle je m'étais hissée pour somnoler. C'est encore cet abruti d'Ivann. Il a 7 ans, comme moi, ça fait à peine quelques semaines qu'il habite tout près de chez moi et depuis il fait tout pour se faire remarquer. Je rumine quelques mots incompréhensibles, tirée un peu trop violemment de mon sommeil à mon goût.

    « Qu'est-ce que tu veux, encore ? »
    grommelé-je.

    Un immense sourire fend son visage en deux, et il me tend sa main, qu'il ouvre d'un geste presque théâtral, ménageant son petit effet de surprise, dévoilant... une pierre. Une simple pierre, d'une taille ridicule. Je hausse un sourcil.

    « Eh ben, c'est un caillou ! »


    « Regarde mieux ! » me suggère Ivann, visiblement très fier de sa trouvaille.

    Je prends le caillou et l'examine de plus près, le tourne et le retourne entre mes doigts. Effectivement, ce caillou ne ressemble à aucun autre que j'aie pu voir jusqu'à présent... Il semble fait de centaines de milliers de petites particules toutes soigneusement imbriquées les unes dans les autres. Et lorsque l'on le tourne au soleil, ses faces irisées changent de couleur, passant d'un rouge ocre à un vert bleuté.
    Je me retourne vers Ivann.

    « Où est-ce que t'as trouvé ça ? »


    Je regrette aussitôt d'avoir posé cette question. Ivann sourit de plus belle, sans doute croit-il m'avoir intéressé avec ses histoires de pierres. Je m'exerce à garder un visage tout à fait inexpressif afin de l'encourager à prendre ses distances avec moi. Un garçon dans les pattes sans arrêt, non merci !

    « Dehors ! » s'exclame-t-il avec enthousiasme.

    Dans un premier temps, je ne comprends pas, et le fixe d'un regard pénétrant et insensible. Puis, soudain, je réalise l'énormité qu'il vient de me dire.

    « Tu mens » dis-je. « Personne ne va jamais Dehors. Il n'y a qu'à Ataraxia que les gens soient en sécurité, dehors on ne peut pas survivre. »

    En prononçant ces mots, je m'oppose à mes propres croyances. Pour moi, Ataraxia n'est belle que la nuit, lorsque l'on peut y vagabonder seul et explorer ses moindres recoins. ( Voilà quelques mois que je m'affaire à parcourir la ville. Je veux la connaître comme ma poche ). Mais le jour, je déteste cette ville. Je déteste cette ville qui a fait les choses ainsi, je déteste les clans, je déteste les castes, je déteste toutes les conditions réunies qui ont fait de mes parents et de moi-même des miséreux, des enfants des rues, habitant une cabane de fortune. Je déteste la famille royale et ses privilèges, je déteste les riches. Je déteste tout. J'aurais pu réinventer le monde à 7 ans, dans son intégralité. C'est donc mensonge de dire à Ivann que je suis persuadée qu'Ataraxia est le seul endroit où l'on soit en sécurité, mais peu importe, je mets en œuvre tout ce qui est possible pour garder de la distance avec lui. Un garçon dans les pattes tout le temps, non merci !

    « Si, moi je suis allé dehors ! Hier soir ! »
    surenchérit-il.

    Je me mords les lèvres. Je dois absolument lui montrer que ce qu'il dit ne m'intéresse pas pour le faire déguerpir, mais c'est plus fort que moi. Le Dehors exerce sur moi une intense fascination, au même titre que la découverte de la ville et de tout ce qui m'entoure. Ni tenant plus, je me retourne vers lui.

    « Et comment aurais-tu fait ? Les murs de la ville sont immenses, et toi tu es beaucoup trop petit ! »

    Malgré moi, j'espère qu'il me donnera une réponse abracadabrante, une réponse qui me donnera l'espoir d'aller moi-même dans le Dehors un jour où l'autre. Je veux découvrir l'envers du décors.

    « Il y a un passage à l'autre bout de la ville, une petite échelle en métal rouillé. »

    Je ne dis rien. Des images commencent déjà à se former dans ma tête. Il faut que je trouve ce passage.

    « Je pourrai t'emmener si tu veux ! »


    J'aurais préféré qu'il ne dise rien. La vérité, c'est que j'en meurs d'envie, mais mon orgueil de petite fille m'interdit de répondre à l'affirmative. Je choisis donc de ne rien dire, et retourne m'assoir sur la palissade à laquelle il m'a arraché, quelques instants plus tôt. Loin de s'avouer vaincu, Ivann vient s'asseoir à côté de moi. Je fronce les sourcils par avance, devinant qu'il va se mettre à parler, me poser moult questions, m'agacer, en somme. Je me prépare mentalement à me boucher les oreilles. J'attends. Mais rien ne vient. J'attends encore quelques secondes, persuadée qu'il va bel et bien se mettre à parler. Pourtant, il semble se taire.
    Je me tourne vers lui. Il a le visage tourné vers l'horizon. On aperçoit les limites de la ville, là-bas. Les murs, et puis, juste après, le Dehors. Ivann a les yeux rêveurs, tournés vers l'extérieur. Je remarque qu'il a les yeux d'un bleu profond. Petit blondinet, aux cheveux emmêlés, et aux yeux bleus. Tout l'inverse de moi. J'esquisse un petit sourire, et retourne à ma somnolence au soleil.

    _____________________

    « Tenez, je vous ai ramené quelques bricoles ! » dis-je en étalant fièrement mon butin sur la table.

    Deux petites miches de pain bien dorées, et une dizaine de fruits en tout genre, de toutes les couleurs et de toutes les formes. Mon père tourne ses grands yeux noirs vers moi.

    « Calli... »
    marmonne-t-il. « Je te suis reconnaissant de t'occuper de la vie de la famille. C'est vrai, nous n'avons plus rien, plus un sou. Mais, voler... Il y a toujours d'autres solutions ! Et puis, tu n'as que 16 ans. C'est à nous de nous occuper de tout ça. Les filles de ton âge sont heureuses et insouciantes. »

    Je me sens bouillonner de l'intérieur. Toujours les mêmes arguments. Mon père a beau être dérangé par le fait que je me sois mise à voler de la nourriture au marché, cela n'empêche que, sans moi, voilà une semaine que nous n'aurions pas mangé.
    Nous sommes fauchés. Littéralement fauchés. Les quelques pièces que mes parents parviennent encore à gagner par-ci par-là, en faisant quelques boulots misérables, sont immédiatement dépensées en produits de première nécessité. Mes parents se font vieux. Mon père n'a plus la fougue d'autrefois, il n'est plus capable de porter des charges aussi lourde. Quant à ma mère, elle a perdu de son charme. Ses cheveux grisonnent, sa voix est moins ferme. Tous deux ont de plus en plus de mal à trouver de quoi manger.

    « D'accord ! » dis-je en haussant la voix. « Très bien, vis à la loyale, gagne ton argent, sois juste, généreux, humble ! Mais tu ne m'empêcheras pas d'aller chaparder quelques fruits au marché. Cette ville nous suce le sang petit à petit, si l'on veut survivre, alors il faut tricher et défier ses lois. »

    Je tourne les talons et quitte la cabane aussitôt, fourrant un fruit dans ma poche au passage. J'ai juste le temps, en sortant, de voir mon père soupirer, arborant cependant un léger sourire au coin des lèvres. Voilà quelques mois que mes parents perdent l'emprise qu'ils ont sur moi, et ils le sentent. Mais c'est que j'ai tellement soif de liberté ! J'ai envie de tout découvrir et de tout bouleverser. Ma réalité, ici, à Ataraxia, est bien trop terne, bien trop normé, bien trop paramétrée. Je n'aspire à rentrer dans aucun de leurs clans. Je n'aspire qu'à respirer du grand air, à faire du neuf. Mes parents l'ont compris. Pourtant ils ne me retiennent pas. Un peu, parfois, pour le principe. Mais j'ai comme l'impression qu'ils sont fiers de moi. La combativité qu'ils non plus, c'est moi qui l'ait à présent.
    J'arpente le dédale de rues que je connais par cœur, et débouche sur la place sur laquelle Ivann et moi nous sommes donné rendez-vous. Il est déjà là, il m'attend.

    « Prête ? » me demande-t-il.

    J'acquiesce d'un signe de tête, et le gratifie d'un sourire. Ce doit être la vingtième fois que nous tentons une expédition dans le Dehors, mais cette perspective m'enthousiasme toujours autant. Depuis nos 7 ans, Ivann et moi avons fait bon nombre de choses. Nous avons exploré la totalité du réseau de galeries souterraines qui parcourt Ataraxia, énuméré tous les entrepôts, baraquements et autres bâtiments laissés à l'abandon et donc potentiellement exploitables, trouvé un passage pour atteindre les toits d'Ataraxia et sauté de longues heures de maison en maison, escaladé la Ruche de nuit... Les excursions dans le Dehors restent néanmoins mes préférées. Ne serait-ce que le fait de me dire que peu de personnes s'y aventurent.
    Ivann et moi effectuons le trajet que nous connaissons si bien. D'abord, longer le mur. Puis, trouver l'ouverture étroite, comme une porte dans le mur. Deux mètres derrière, la petite échelle rouillée, dont les barreaux grincent lorsqu'on les soumet au poids d'un corps. Cinq ou six mètres à gravir, puis il ne reste plus qu'à redescendre de l'autre côté. Et à courir, toujours plus loin que la fois précédente.
    Le Dehors est extraordinaire. Il est hostile, c'est vrai. Rien, dehors, ne semble prévu pour l'homme. Les pluies y sont acides, les orages terribles, les reliefs impressionnants, la faune et la flore dangereuse... mais c'est précisément ce que j'aime, quand je vais dans le dehors. Être dans un milieu où l'homme n'a apposé aucune trace. Vierge de toute souillure. Peu importe qu'il soit hostile. Le Dehors est le seul endroit où je me sens vivante.
    Ivann et moi nous dirigeons à présent vers une petite cabane, où nous passons quelques heures à chacune de nos escapades. C'est nous qui l'avons construite, au fur et à mesure, avec des tôles, des cordes et des copeaux que nous avons ramené, et avec les moyens du bord. Elle est branlante et instable, mais nous offre l'illusion d'avoir notre minuscule morceau d'habitat, au milieu de l'immensité du Dehors.
    Nous entrons donc dans la cabane de fortune. Ivann allume l'énorme bougie. La flamme vacille, mais persiste. Ivann s'allonge sur le vieux tapis usé que nous avons placé dans la cabane.

    « Regarde ce que j'ai commencé à faire. »


    Il sort un bout de papier de sa poche et me le tend. Les traits sont maladroits, hésitants, mais on ne peut s'y tromper. C'est une carte. Une carte du dehors.

    « On a exploré cette zone là, celle-là, celle-là et celle-là. Regarde, j'ai tout noté. Le talus, ici, la dune, là... »


    Il me fait revisiter, du bout de son doigt, tout ce que nous avons découvert dans le dehors depuis le début de nos excursions, et m'indique la zone qu'il souhaite explorer cette nuit. Je souris et j'acquiesce.
    Ivann a les étoiles dans les yeux qu'ont les gens lorsqu'ils se sentent des aventuriers. Tout un territoire, où personne oùupresque ne s'aventure, si ce n'est quelques caravanes qui font le trajet entre les petites villes environnantes et Ataraxia. De quoi donner le vertige à n'importe qui. Ivann est comme moi, il adore le dehors. Il cherche à tout prix l'évasion, par n'importe quel moyen.
    Je nous revois gamins. 7 ans. Moi fauve, sauvage, lui chétif et souriant. Nous en avons 16, à présent, et tous deux l'allure d'adultes, ou presque.
    Mon visage s'est creusé, mes cheveux font des folies, et tout en moi indique que la femme commence à sortir de son cocon. J'ai acquis un air dur, bien que ce ne soit qu'une barricade. Ivann, lui, devient plus beau chaque jour. Il a déjà la carrure d'un homme. Ses bras sont puissants, son torse bien taillé, ses épaules larges. Ses cheveux sont un joyeux bordel de nœuds, dreadlocks et mèches rebelles, et lui tombent aux épaules. Depuis quelques mois, il les noue en chignon, dévoilant son éminent visage, téméraire, sincère. Ses yeux sont d'un bleu à couper le souffle, et son regard d'une douceur que je n'ai jamais vue chez personne d'autre. Nous avons tout de différent, lui et moi. Lui si doux, avenant, compréhensif, et moi si colérique, impulsive, vive. Pourtant nous avons tout en commun.

    « Sinon, Calli, il fallait que je te parle de quelque chose... » marmonne-t-il, me tirant de ma rêverie.

    « Mmmh ? »

    Il réfléchit quelques instants avant de reprendre la parole.

    « Il y a d'autres gens comme nous, tu sais. Des tas, même. »


    « Comment ça, des gens comme nous ? »


    « Des gens qui veulent... autre chose. Plus de clans, plus de ce système foireux. Acquérir une nouvelle liberté. »


    Nous en avons déjà parlé mille fois. Les soirs où nous avons refait le monde ensemble ne se comptent plus.

    « J'ai rencontré pas mal de personnes qui ont le même genre d'idéal que nous. Pour tous les autres, j'imagine qu'on passe pour des utopistes, mais... je pense que c'est possible de nous réunir. Qui sait, peut-être qu'on est beaucoup plus que l'on ne le croit. Peut-être que quelque chose serait possible si l'on s'unissait. »

    Je pèse la proposition d'Ivann. Ce qu'il propose est énorme. Enorme. Mais en un sens, ça me plaît. Ça signifie créer un mouvement, s'y impliquer. En prendre la tête, peut-être. Une sorte de quatrième clan, une nouvelle entité, qui aurait ses propres objectifs, ses propres idéaux. Le scénario est d'ores et déjà écrit, dans ma tête. Un groupe de rebelles. Des personnes qui exploreraient le dehors, qui tenteraient de renverser les clans, ou de développer de la vie, et un nouveau système ailleurs. C'est complètement fou, quand on y pense.
    Ivann me regarde.

    « Aide-moi à réaliser ce projet-là. Faisons ça tous les deux. Il faut avoir confiance dans nos convictions. »


    _____________________

    « 18 ans, Calli ! Peut-être que tu vas commencer à être crédible en tant que chef des rebelles, mmh ? »

    Le regard de Matt me targue, m'observe d'un air amusé. Il faut dire que depuis qu'Ivann et moi avons effectivement commencé à créer ce groupuscule de rebelles, grandissant de jour en jour, nous n'avons jamais été confronté à plus jeunes personnes que nous. Tous les rebelles, qui pour certains sont devenus de fidèles amis, tapent plutôt dans les 25 ans. Ils semblent pourtant nous respecter, Ivann et moi, chose étrange. Nous incarnons le début de ce mouvement, en quelques sortes.

    « Je m'en tamponne l'oreille avec une sandale, Matt. J'ai l'âge que j'ai, j'y peux rien »

    « Eh, c'est mon expression ! »

    Je souris. L'humeur est assez bonne, ces temps-ci. Nos affaires marchent bon train, de plus en plus de jeunes rejoignent les rebelles, certains sont bien placés dans l'administration et nous offrent de bonnes possibilités.

    « Ça se passe bien avec Ivann en ce moment ? » me demande Matt, un sourire espiègle aux lèvres.

    Pas très bavarde, je le regarde, ne dis rien, dans un premier temps.

    « Oui », dis-je simplement. Je ne suis pas une grande romantique et refuse de m'épandre en niaiseries, pourtant l'air rêveur que j'arbore à l'instant doit parler à ma place.

    Sans doute Matt, insatiable curieux, m'en aurait-il demandé plus à ce sujet, si quelqu'un n'avait pas soudainement déboulé dans le QG, l'air affolé. Une jeune fille, récente recrue des rebelles. A son visage, je comprends immédiatement qu'elle ne plaisante pas.

    « Un accident ! Venez vite, bordel, il y a eu un accident ! »



    _____________________


    Deux ans. Deux ans qu'Ivann est mort, démantibulé par une de ces bêtes venue d'autres mondes. Il était en excursion dans le dehors. Son corps y est toujours. Deux ans que je suis seule à la tête de ce foutu mouvement, à nager à contrecourant, allant contre toutes les normes et tous les principes préétablis dans cette ville où plus rien ne tourne rond.
    Je n'aurais jamais pensé que j'aurais eu le courage de continuer après ça. Comme quoi. On en apprend sur soi sans arrêt. Ma détermination est croissante. J'ai 20 ans, je suis chef des rebelles, et j'entends bien les mener quelque part. Ils ont confiance en moi, j'ai confiance en nos possibilités. J'irai aussi loin que je pourrai, quoi qu'il en soit.

    ▌Le joueur, derrière l’écran ;
    Pseudo: "Votre Altesse" c'est bien What a Face
    Âge: 16 ans.
    Comment avez-vous connu le forum ? J'sais plus trop. Via un topsite il me semble !
    Que pensez-vous du forum ? Rien à redire, ça me plaît beaucoup Callirhoé * || FINIE. Icon_biggrin
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{Matthew Khan Hortsman}
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Matthew Khan Hortsman

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Callirhoé * || FINIE. _
MessageSujet: Re: Callirhoé * || FINIE.   Callirhoé * || FINIE. EmptySam 20 Mar - 21:42

ça me va, validé.

N'oublie pas que si besoin est tu peux me proposer une organisation particulière pour les rebelles, après tout tu es leur chef =).

Bienvenu et bon Rp
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Callirhoé * || FINIE.

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